Barbara
Les cuisinières à gaz libèrent des quantités préoccupantes de benzène, un produit chimique lié à la leucémie et à d’autres cancers des cellules sanguines, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de Stanford. Le benzène que les cuisinières à gaz rejettent à l’intérieur des maisons peut atteindre des concentrations encore plus élevées que celles généralement présentes dans la fumée secondaire, selon l’article publié la semaine dernière dans le journal Environmental Science & Technology. Cette étude renforce les efforts visant à éliminer les connexions au gaz des foyers et des bâtiments. Il existe un nombre croissant de preuves des risques que les cuisinières à gaz représentent pour la santé publique et l’environnement. Toutefois, l’industrie des combustibles fossiles s’oppose vivement aux politiques visant à passer à des énergies propres en jouant sur l’attachement des gens aux cuisinières à gaz.
“Voir les concentrations de polluants augmenter si rapidement chez moi et penser que cela se produit tous les jours était une motivation pour changer”, a déclaré Rob Jackson, professeur de Stanford et chercheur principal de cette recherche, lors d’un point presse organisé aujourd’hui sur l’article. Il a déclaré que la recherche l’a incité à se débarrasser de sa cuisinière à gaz après avoir testé les méthodes de l’étude dans sa propre maison. “Voir les concentrations de polluants augmenter si rapidement chez moi et penser que cela se produit tous les jours était une motivation pour changer”.
Le benzène se forme dans les flammes et les gens y sont souvent exposés par la fumée de tabac, les incendies de forêt et les émissions de pots d’échappement. “Je suis vraiment très attentif à penser à une cause chimique plus puissante de la leucémie que le benzène”, a déclaré le médecin hématologue/oncologue Jan Kirsch lors du point presse (Kirsch n’est pas l’un des auteurs de l’étude mais a parlé des effets du benzène sur la santé). Le benzène se révèle être plus puissant que la plupart des autres agents cancérigènes à des niveaux d’exposition plus faibles, a-t-elle noté. “L’idée n’est évidemment pas de provoquer la panique. L’idée est qu’il y a des risques et que nous voulons les réduire”, a déclaré Kirsch.
Cette étude est la première à calculer la pollution intérieure au benzène causée par les cuisinières à gaz, selon ses auteurs. Ils ont étudié 87 foyers en Californie et au Colorado équipés de cuisinières à gaz et à propane en 2022. Dans environ 30% des cuisines testées, ils ont constaté que les émissions de benzène d’un seul brûleur de gaz réglé au maximum ou d’un four à gaz réglé à 350 degrés Fahrenheit créaient des concentrations de benzène plus élevées que la moyenne de la fumée de tabac. Le benzène se propage même des cuisines jusqu’aux chambres à coucher, ont découvert les chercheurs. Dans les chambres à coucher, des concentrations dangereuses de benzène persistaient pendant des heures, même après l’extinction de la cuisinière. Dans une maison, les niveaux de benzène dans la chambre étaient comparables à ceux des événements de pollution près des écoles en Californie et au Colorado qui ont déclenché des enquêtes en 2020.
L’âge ou la marque de la cuisinière ne faisait pas une différence significative dans la quantité de benzène produite. Et bien que la bonne ventilation fasse une différence dans l’exposition d’un foyer au benzène, les chercheurs ont également constaté que les hottes de cuisine n’étaient pas toujours efficaces pour réduire la pollution. Certaines hottes recirculent l’air au lieu de le ventiler vers l’extérieur. En comparaison, les cuisinières à induction ne produisaient aucune quantité mesurable de benzène. Les cuisinières électriques peuvent émettre des quantités beaucoup plus faibles de benzène, soit environ 10 à 25 fois moins que les cuisinières à gaz et à propane, potentiellement en raison des aliments brûlés sur des surfaces très chaudes.
Le changement climatique est la raison principale pour laquelle des endroits comme Berkeley, New York et l’État de New York ont entrepris de supprimer progressivement les raccordements au gaz dans les nouvelles maisons et les nouveaux bâtiments. Après tout, les cuisinières à gaz fonctionnent au méthane, un gaz à effet de serre plus potentiel que le dioxyde de carbone qui s’échappe régulièrement des infrastructures gazières et des appareils de cuisine.
Ce n’est pas la première fois que les cuisinières à gaz sont liées à des effets néfastes sur la santé. Une étude de 2022 a attribué près de 13% de l’asthme infantile aux États-Unis à l’utilisation de cuisinières à gaz. Et une autre analyse en 2013 a révélé que les enfants vivant dans des foyers équipés de cuisinières à gaz présentaient un risque de symptômes asthmatiques 42% plus élevé que les enfants vivant dans des foyers sans cuisinières à gaz. En Californie, jusqu’à 20% de l’asthme infantile pourrait être potentiellement évité si les gens abandonnaient les cuisinières à gaz, selon l’étude de 2022. Et pourtant, les efforts visant à éliminer leur utilisation se heurtent à des défis juridiques. Berkeley, en Californie, est devenue la première ville américaine à interdire les raccordements au gaz dans les nouvelles constructions dès 2019. Puis en avril, un tribunal fédéral a bloqué la mise en œuvre de la politique. Un projet de loi visant à empêcher une interdiction fédérale des cuisinières à gaz a été adopté à la Chambre plus tôt ce mois-ci, bien qu’il n’y ait pas de loi fédérale proposant une telle interdiction. “Les clients aiment le gaz naturel – en fait, un nouveau client résidentiel s’abonne au service du gaz naturel chaque minute”, a déclaré Karen Harbert, présidente et PDG de l’Association américaine du gaz, dans une déclaration après le dépôt du projet de loi. L’industrie du gaz a dépensé des décennies à promouvoir des campagnes de “cuisiner au gaz” avec tout, des influenceurs payés d’Instagram à cette vidéo de rap ridicule de 1988. “C’est la seule façon de cuisiner; c’est ce que j’ai appris”, dit-elle. “J’ai grandi dans une maison avec une cuisinière à gaz; Je n’y ai pas réfléchi à deux fois”, a déclaré Yannai Kashtan, doctorant de Stanford et premier auteur de l’étude, lors du point presse. “Je suis très content maintenant de vivre quelque part avec une cuisinière électrique.”
